Dans l'entourage de Charles B., « très peu de gens sont au courant de cette mésaventure ». Il estime que sa « situation ne fut en rien comparable à celle des témoignages relatés » : « vivre dans la rue, et passer une nuit dans la rue, sont deux réalités complètement différentes. »
« Originaire d'un milieu aisé, j'ai traversé, comme certains, quelques accidents de vie. Un crime surtout : devenir jeune papa, sans être marié ! Dans une famille bourgeoise, crime. Puis, séparation avec la mère de mon fils, galère de logements, et une famille qui tourne le dos. »
« Cette expérience m'a apporté un peu d'humilité »
Charles B. passe donc la nuit à la rue, dans le XVIIe arrondissement de Paris, pas loin de la mairie, à proximité d'un parc :
« Je me disais qu'il devait y avoir des rondes de gardien, et donc, moins d'exposition à de mauvaises rencontres (…) Je me souviens surtout des bruits et l'insécurité aux heures avancées de la nuit. Le lendemain deux amis lui prêtent un appartement.
A part, une légère peur de la précarité et du “déclassement”, cette “expérience” m'aura apporté du bon : un peu plus d'humilité (élevé dans le XVIe arrondissement) et d'empathie à l'égard de ceux qui connaissent des difficultés passagères ou durables. »
Enki, sous des feuilles mortes
Enki a 36 ans. Dans un mail datant de décembre 2010, il m'invite à m'intéresser de plus près « à ceux de nos concitoyens, dont j'ai le goût d'être, qui ne sont ni sans abris, ni logés, et qui sont de plus en plus nombreux à vivre dans un véhicule » :
« Mobiles, discrets, indépendants, honteux ou clandestins, ils sont invisibles. Je vous parie pouvoir vivre une semaine dans la rue de Rue sans qu'on m'y remarque. »
« Au petit matin, un café et 500 balles gagnés à la Française des jeux »
Dans les commentaires du dernier post, Enki raconte son arrivée à la rue et sa première nuit dehors :
« La première fois, j'avais 17 ans, je crois qu'en me mettant dehors, mon père pensait que j'irais me réfugier chez ma copine, mais je suis trop bien élevé pour réveiller les gens en pleine nuit quand je peux disputer à un chien un porche de gymnase à l'abri du vent et de la pluie, après m'être lassé de marcher droit devant à travers eux.
La deuxième fois, c'était la même année, mais en hiver, et j'étais en T-shirt sous un vieux cuir. J'ai cru que je mourrais d'hypothermie, mais je serais mort en colère plutôt que me réfugier honteux. Je me suis protégé du froid sous un tas de feuilles mortes, dans un caveau, au cimetière.
Au petit matin, j'avais un peu de monnaie et les yeux secs pour me réfugier dans le premier café tabac ouvert, prendre un café chaud, gratter quelques clopes et la Française des jeux.
J'ai gagné 500 balles, ce qui n'était pas moins miraculeux que voir arriver mon excellent pote Niko, non-fumeur, que seuls les astres et la vignette auto annuelle pouvaient amener en ces lieux à cette heure !
Je me souviens de cette nuit là à chaque
via www.rue89.com
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