Une lourde facture, la faute aux politiques ?
Le chiffre est apparu la veille de Noël. Le 24 décembre, Le Parisien publiait une note confidentielle établissant que le Médiator " a coûté à la Sécurité sociale et aux complémentaires 423 millions d'euros en dix ans", dont près de 325 millions pour la Sécu seule. C'est plus lourd que l'estimation faite deux jours plus tôt par Le Canard enchaîné, qui évaluait le coût pour la Sécu à 200 millions d'euros en neuf ans.
Le chiffre peut paraître anecdotique au regard de la vingtaine de milliards d'euros que rembourse chaque année la Sécurité sociale. Mais il cache un autre enjeu : la responsabilité politique. En effet, malgré toutes les alertes, le médiator a continué à être remboursé à 65 % jusqu'à son interdiction. Depuis les premières alertes, "dix ministres et secrétaires d'Etat à la Santé, quatre directeurs généraux de la Santé, cinq directeurs de l'assurance-maladie, se sont succédé. Sans rien voir, en tout cas sans rien faire."
C'est Le Canard qui a révélé, le 1er décembre qu'en 2008, deux médicaments génériques copiés du Médiator étaient autorisés à la vente, et au remboursement. Le même jour, le journal satirique révélait qu'en avril 2006, les experts de la Haute autorité avaient écrit dans un rapport que le benfluorex, la molécule du Médiator, provoquait des "valvulopathies", des atteintes aux valves du cœur. Mais ils ne l'ont pas précisé en rendant leur avis, se contentant d'affirmer que le médicament ne présentait "aucun intérêt" et ne méritait pas d'être remboursé. Recommandation ignorée par le ministre de la Santé de l'époque, qui est le même qu'aujourd'hui, Xavier Bertrand. Le remboursement a 65% est maintenu.
En 1999, Martine Aubry avait également maintenu le remboursement. Mais aujourd'hui, la question embarrasse clairement Bertrand. Interrogé le 6 décembre sur France Inter sur cette question, il s'est rudement défendu, ouvrant un dialogue tendu avec le journaliste Patrick Cohen (détaillé par le site du JDD), qui avait osé le mot "complaisance" : "«Complaisance», vous rendez-vous compte de ce que vous venez de dire?", s'est énervé le ministre. Il appelle à en rediscuter lorsque l'Inspection générale des affaires sociales rendra son rapport, le 15 janvier.
Pour l'heure, salue Irène Frachon, qui a fréquemment le ministre "en direct" au téléphone, "son seul problème est que les gens concernés se fassent dépister, et prendre en charge, il ne m'a jamais parlé de son cas personnel".
Le réseau politique de servierLa question sous-tend évidemment une partie des interrogations : le Médiator a-t-il bénéficié d'une indulgence coupable en raison des liens du groupe Servier, et de son fondateur de 88 ans, Jacques Servier, avec des responsables politiques. Servier lui-même, dans sa première réponse officielle dans l'affaire Médiator,
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