Arrêt sur images – « Les médias espagnols font le black out sur les Indignados »

Depuis le 15 mai, entre 60 000 et 100 000 jeunes se sont mobilisés en Espagne, dont 20 000 environ campent sur la place de la Puerta Del Sol à Madrid. Un campement visible d'ailleurs ici en direct, et relayé sur le site Democratia real Ya!. Pourquoi ce mouvement maintenant ? Benoît Pellistrandi n'est pas surpris : il rappelle que l'Espagne est passée de 2 à 5 millions de chômeur en trois ans. Après la crise économique, vient logiquement la crise sociale. En Espagne, souligne-t-il, les syndicats n'ont plus de pouvoir de mobilisation : ce sont quasiment des syndicats officiels, un de leurs leaders est d'ailleurs entré au gouvernement récemment. Andrés Pérez confirme. Ophélie Latil raconte elle comment Génération précaire suit de très près les différents mouvements européens.

Pourquoi le mouvement espagnol retient-il davantage l'attention que les mouvements d'autres pays (Grande-Bretagne, Portugal) ? Est-ce le fait que les manifestants campent ? "On oublie une tradition de la contestation espagnole autour du camp", rappelle Pellistrandi. Par exemple, en 1994, des jeunes ont campé devant le ministère de l''économie pour demander au gouvernement d'accorder plus d'argent aux pays en développement. Pérez pointe une différence entre les mouvements de jeunes en France et en Espagne: les mobilisations de la jeunesse sont plus fréquentes et régulières en France, où chaque génération s'initie à la politique par une manifestation (CPE, etc). Cette tradition est absente en Espagne. D’où une importance d'autant plus grande de ce "mouvement du 15 mai" : cette fois-ci, c'est une classe d'âge entière qui va être marquée par ce mouvement. (Acte 1)

Quelles ont été les réactions de politiques en France? L'une a retenu notre attention, celle de Jean-Luc Mélenchon, très "ému" lorsqu'il visionne les images du mouvement, dans l'émission C politique sur France 5. Pellistrandi pointe un décalage entre le traitement (récent et assez limité) de ce mouvement en France et le "black-out" en Espagne. Selon lui, après les élections régionales du dimanche 22 mai, les médias espagnols n'ont plus parlé du mouvement. Celui-ci n'a été médiatisé que sous l'angle de leur éventuelle influence sur les élections. Elément intéressant, également, cette mobilisation est"profondément un mouvement politique au sens de l'agora, mais pas politique au sens de partis." Pérez pointe une différence de traitement médiatique des manifestations entre la France et l'Espagne. En France, traditionnellement, on va à la rencontre des manifestants, alors qu'en Espagne on reste plutôt dans une analyse politique de la manifestation. "Il a fallu cette mobilisation pour qu'on aille nouveau, en Espagne, à la rencontre de manifestants." C'est au tour d'Anne-Sophie, qui analyse les mots qui sont revenus dans la presse française pour parler de ce mouvement. Notamment le mot "précarité"… qui vient, comme souvent, du domaine religieux.

Comment les politiques espagnols ont-ils réagi au mouvement ? De la gauche de la gauche à la droite, l'idée générale est qu'il menace la "démocratie", au terme représentatif du terme, car beaucoup de ses partisans ont appelé à voter blanc ou à s'abstenir. Pourtant, le mot d'ordre sur la Puerta del sol, c'est "plus de démocratie". Pellistrandi, explique : les jeunes revendiquent une démocratie participative, en opposition a la démocratie représentative. Mais ils ne demandent pas pour autant la disparition de celle-ci, ils demandent sa "régénération". Il détaille leurs revendications, qui n'ont pas été développées dans la presse française : le droit de pouvoir retirer des noms d'élus (éventuellement corro

via www.arretsurimages.net

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