En huit ans, la répression aurait fait 30 000 victimes. Olivera y a-t-il participé? A San Juan, ville du nord-ouest du pays, un juge, Leopoldo Rago Gallo, l'accuse d'avoir jadis dirigé une unité clandestine chargée d'arrêter, voire de faire disparaître, les "gauchistes". Parmi eux, une Française de 24 ans, Marie-Anne Erize, mannequin vedette passée dans la guérilla Montoneros. Le 15 octobre 1976, des inconnus l'ont enlevée en plein jour, à San Juan; son corps, comme des milliers d'autres, n'a jamais été retrouvé.
Aujourd'hui encore, ce mystère se heurte aux dénégations d'Olivera. Arrêté en 2008 à Buenos Aires, l'ex-militaire jure n'avoir "jamais vu" la jeune femme et nie tout lien avec un groupe parallèle. Dans ses procès-verbaux d'audition, il rappelle qu'en 1976, au régiment de San Juan (RIM 22), il n'était qu'un "simple lieutenant", dont le travail se bornait à inspecter la frontière avec le Chili. L'un de ses fils, prêtre au verbe enflammé, dénonce la "haine satanique" de ses accusateurs.
Pourtant, les éléments ne manquent pas contre ce sexagénaire aux allures de notable. Le juge le poursuit dans une cinquantaine de procédures et plusieurs témoins, dont un officier de gendarmerie à la retraite et un ex-chauffeur du RIM 22, confirment qu'il dirigeait un service clandestin. Quatre autres personnes, que nous avons également rencontrées, disent avoir été interrogées, voire torturées, par lui.
Sollicité à trois reprises depuis 2008, Olivera a refusé de nous recevoir en prison. Seul son avocat, Me Eduardo San Emeterio, a répondu à nos questions. Tout en accusant les autorités argentines actuelles d'avoir "payé" de "pseudo-témoins", il fait l'éloge de son client: bon père, bon chrétien, bon patriote. Le parcours de Jorge Olivera révèle plutôt un homme de haine et de mensonge…
Après son passage à San Juan (1975-1978), il enchaîne les affectations et monte en grade: premier lieutenant, capitaine… Sa grande fierté ? Traquer les "rats", les opposants. La chute de la dictature, en 1983, le conforte dans ses convictions nationalistes et le rapproche bientôt des "carapintadas" (visages peints), des soldats putschistes surnommés ainsi en raison de leur tenue de camouflage. Animés d'une foi quasi mystique, ces insurgés ont pour idéologue le colonel Seineldin, un Argentin d'origine libanaise, intégriste et antisémite. Dans son sillage, ils font plier le pouvoir et obtiennent l'impunité de la plupart des acteurs de la lutte antisubversive.
Sorti de l'armée avec le grade de colonel, Olivera aborde le grand tournant de sa vie au début des années 1990: il veut, il va, devenir avocat. Sa clientèle ? Des compagnons d'armes, mais aussi deux célébrités: le général Suarez Mason, poursuivi dans une sordide affaire de vols de bébés, et Erich Priebke, un nazi réfugié en Argentine. Dans le même temps, Olivera milite au Mouvement pour la dignité et l'indépendance (Modin), un parti fascisant créé par des carapintadas.
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Jorge Olivera, officier devenu avocat, est photographié ici dans son bureau de Buenos Aires, en 2000. Il est aujourd'hui âgé de 60 ans.
Nicolas Trombeta/DR
Son moment de gloire arrive en 2000, quand il réactive, avec son associé, Jorge Appiani, le dossier de la guerre des Malouines (1982). Agissant au nom de deux victimes argentines du conflit, le duo tente de poursuivre le Royaume-Uni devant la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg. Cette démarche, vouée à l'échec, va les conduire à prendr
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Je suis né le 5 aout 1952 , elle le 28 mars 1952 (ma fille est née un 28 mars) elle a disparu le 15 octobre 1976 , le jour de mon mariage …J’ai eu la même éducation catholique , scout et tout … j’ai milité en France elle en Argentine , là ça fait toute la différence. j’ai lu le bouquin de Philippe Broussard avec une émotion particulière comme ci je connaissais Marie Anne . Je me suis senti très proche d’elle comme Broussard l’était aussi. J’attends avec impatience la suite de l’ histoire de cette femme admirable et si entièrement belle – Pascal