«Actifs aujourd’hui plutôt que radio-actifs demain!», vive les Surréalistes qui voulaient « bombarder » les profiteurs des radiations, par Michel Boujut

«Démasquez les physiciens, videz les laboratoires»: telle était la jupitérienne injonction d'André Breton et du groupe surréaliste en février 1958, dans un tract distribué à la Sorbonne, à l'occasion d'une conférence de Robert Oppenheimer, père de la bombe A. Les vaillants surréalistes y dénonçaient la course au nucléaire, sous forme de bombes, «fussent-elles propres», aussi bien que d'utilisation «à des fins pacifiques». Ils y pointaient «les ravages dus aux déchets qui, en attendant, polluent de manière imprévisible le conditionnement atmosphérique et biologique de l'espèce». La conclusion de leur texte vengeur mérite d'être citée in extenso: «Sus à la théologie de la Bombe! Organisons la propagande contre les maîtres-chanteurs de la « pensée » scientifique ! Et en attendant mieux, boycottons les conférences vouées à l'exaltation de l'atome, sifflons les films qui endorment ou endoctrinent l'opinion, écrivons aux journaux et aux organismes publics pour protester contre les innombrables articles, reportages et émissions radiophoniques, où s'étale sans pudeur cette nouvelle et colossale imposture.» Le tract rendait hommage à l'antériorité des poètes de «La Tour de Feu» qui dans un numéro intitulé «Salut à la tempête», en décembre 1957, lançait le slogan souvent repris depuis : «Actifs aujourd'hui plutôt que radio-actifs demain!» Un demi-siècle plus tard, l'apocalypse au pays du soleil levant rend à ces textes anciens leur fureur première.  

Vous les entendez aujourd'hui, les lobbyistes de la filière nucléaire reprenant tous en chœur l'hypocrite couplet du respect dû aux victimes japonaises. «Le moment n'est pas à la polémique, encore moins au référendum, osent-ils affirmer. Inclinons-nous plutôt devant la douleur d'un peuple meurtri, et n'utilisons pas ces tragiques événements pour d'indignes stratégies politiciennes» (sic). L'ineffable Alègre, le doucereux Besson, l'altière Kosciusko-Morizet, l'ombrageux Proglio, le fade Duhamel, sans oublier un ramassis de socialistes consensuels, tous continuent de nous embobiner avec leurs vérités en trompe-l'oeil, jouant avec les mots, minimisant la menace, autant que faire se peut. Et traitant du même coup d'ilote tout citoyen lucide. Pas le moment, disent-ils pour ouvrir sa gueule. Alors quand? Parlons-en, au contraire, organisons-nous, comme nous y incitaient les surréalistes de jadis, «contre les maîtres-chanteurs de la pensée scientifique». L'enjeu est de taille. Nous n'avons pas entendu jusque-là DSK sur la question. Le matois ne tient pas à s'exposer en cette période de latence intense. Nous l'avons vu sur Canal + dans sa cuisine de Washington, entre deux voyages, surveillant une grillade, tandis que Madame brassait la salade.

via blogs.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
joaquim fiter
joaquim fiter
14 années il y a

Il faudrait condamner tous ces scientifiques débiles et politiciens cupides à aller prendre des pelles et des pioches pour aller enterrer le coeur des réacteurs en fusion…(plutôt que le coeur de nos illusions…) Voilà ce qui se passe quand on utilise une énergie qu’on NE MAITRISE PAS ! Et dire que les apprentis sorciers continuent à nier l’évidence… 58 réacteurs de ce type en France fonctionnent pour le bien de l’humanité future… Le Nucléaire n’est pas polluant… il est létal, définitif, et incontrôlable… Par exemple: lorsqu’on demande à un spécialiste (tous payés par Areva il va sans dire) ce qu’il va se passer à partir du moment où les barres de combustibles en fusion vont percer le socle de la centrale de Fukushima pour s’enfoncer dans le sol… On nous parle du nuage radioactif, mais pas vraiment de ce qui va se passer dans le sol, ou alors vaguement pour nier farouchement et moqueusement toute possibilité de « syndrome chinois ». En fait ces grands spécialistes se contentent de dire que tout cela va se « disséminer » dans le sol, et qu’il suffira d’une zone d’exclusion de 30 kms ad vitam eternaem… Or en fait, le vrai problème, et c’est pourquoi d’aucuns parlent de « cataclysme », c’est que PERSONNE NE SAIT CE QUI VA SE PASSER si le combustible radioactif de 4 réacteurs s’enfonce dans le sol… Pourquoi? Parce que cela n’est jamais arrivé jusqu’à maintenant…(D’ailleurs à Tchernobyl il a été sacrifiè des milliers de militaires et de pompiers pour creuser sous la Centrale en fusion pour empêcher cela…) Et que cet accident démesuré a dépassé les capacités de prédiction de nos ingénieurs apprentis-sorciers… Dieu Merci ce qui va se passer, va peut être permettre une prise de conscience à l’échelle mondiale de la dangerosité non pas de l’énergie nucléaire, mais du lobby scientifique qui ment à longueur de journées sur la maîtrise d’une énergie, qui depuis Niels Bohr et Einstein, nous le savons, ne se contrôle pas.

Translate »
1
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x