Août 1914, une mobilisation « la fleur au fusil » : un mythe relayé par l’image (de Patrick Mougenet) | Cinéma et Histoire

Dès les premiers jours de la mobilisation en août 1914 se construit une légende, celle d’ « un départ enthousiaste » des mobilisés à la guerre, donnant l’image d’une France nationaliste et revancharde. Il s’agit d’un pur mythe : la nouvelle de la guerre est massivement acceptée avec stupéfaction et résignation dans les campagnes, les bourgades et les petites villes, où vivent alors les trois quarts des Français. Retour en images sur le mythe et sa déconstruction.

Les premières photographies montrant des mobilisés en partance pour le front « la fleur au fusil » paraissent dans la presse dès les jours suivant l’ordre de mobilisation. La scène est immuable : dans les  grandes villes, des soldats en ordre de marche, baïonnette au fusil, arme sur l’épaule droite, avancent sous les vivats de la foule qui se tient de part et d’autre de la chaussée. L’Illustration du 15 août publie un cliché de L. Gimpel légendée « Le départ du régiment. La population parisienne acclame ceux qui vont se battre » ; le commentaire évoque « un souffle de joie et d’enthousiasme qui passe sur le pays ». Les opérateurs d’actualités Gaumont ou Pathé tournent et diffusent de semblables images (muettes) :

 

Ces images  d’actualités (2 août 1914)   seront régulièrement convoquées dans des films de fiction ou dans des documentaires… jusque de nos jours.

Ainsi le documentaire à vocation pédagogique  réalisé en 1957 par Edouard Bruley, Images de la Grande Guerre 1914-1918. Sur les étagères de la plupart des « labos » d’histoire et géographie durant des décennies, réalisé le président de la Société des professeurs d’Histoire,  édité par la Société Nouvelle Pathé Cinéma et diffusé sous forme de cassette VHS par le CNDP,  le documentaire, au format idéal d’utilisation en classe, a contribué à fournir aux élèves des générations d’après-guerre, sous les habits d’un discours mi-scientifique mi-didactique, l’image de soldats et de mobilisés « salués par les acclamations de la foule, rivalisant d’entrain et d’optimisme ».

Mais les fictions s’emparent aussi des mêmes images, à l’instar de Raymond Bernard, dans Les Croix de bois en 1931.

Dès la guerre, des fictions patriotiques furent tournées dans le même sens (Mères françaises, film muet, 1917):

Des films patriotiques produits en masse, sur initiative privée et commerciale, répondent à l’attente du public de l’arrière. Ils reconstruisent les scènes de départ s’éloignant alors de la réalité vécue dans les campagnes, empreinte de tristesse et de résignation… Ainsi L’Angélus de la Victoire

via www.cinema-et-histoire.fr

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