Annette Krajcer, les enfants raflés au Vel D’Hiv en 1942 – Libération

Il y a soixante-neuf ans, les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 Juifs parisiens, dont 4 115 enfants, étaient arrêtés par la police française lors de la grande rafle du Vél d’Hiv. Ils furent ensuite conduits dans les camps de Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, avant d’être déportés vers les camps d’extermination allemands. Annette Krajcer (1) et sa sœur Léa, 12 et 14 ans en 1942, font partie des rares enfants qui ont pu être sauvés de la déportation. Elles furent arrachées des convois vers Auschwitz par une cousine, secrétaire à Drancy. Raflées avec leur mère le 16 juillet 1942, séparées d’elle le 2 août, à Pithiviers, elles ne l’ont jamais revue, puisqu’elle a été gazée à Auschwitz avec le convoi 14. Survivante du Vél d’Hiv, des camps de Pithiviers et Drancy, Annette Krajcer dit : «Je porte la parole de ces 4 000 enfants.»
Libération a rencontré dans son mas près de Carpentras cette petite femme aiguisée de 81 ans, qui a préféré raconter elle-même son histoire, avec ses mots.

«Regardez ma feuille d’internement à Pithiviers : à l’enregistrement, le 19 juillet 1942, les gendarmes français n’ont pas su orthographier mon nom de famille, et ont fait une autre faute sur la fiche de ma sœur. En revanche, aucune erreur sur mon lieu de naissance : Paris, ni sur ma nationalité :française. Ni de manière assez incongrue, pour la profession, "sans" et la situation maritale, "celib", pas d’erreur. Cette année-là, j’ai 12 ans, ma sœur Léa 14. Nous avons été arrêtées le 16 juillet, ma mère, ma sœur, et moi à notre appartement du IVe arrondissement, comme 4 000 autres enfants avec leurs parents, Juifs étrangers ou apatrides. Notre père était absent, il travaillait alors comme ouvrier agricole dans les Ardennes.

«D’abord parquées avec d’autres familles dans le préau de l’école rue Geoffroy -Lasnier, nous avons été transportées en autobus au Vél d’Hiv où nous avons passé trois jours et trois nuits dans une angoisse extrême. Allions nous être séparées ? Qu’allait-il se passer ? Puis ce sont les wagons à bestiaux, direction le camp de Pithiviers. Avec l’arrivée massive des familles du Vél d’Hiv, le camp, vidé des Juifs internés là depuis 1941, déportés peu de temps auparavant, devient un lieu d’internement uniquement de familles, avec beaucoup d’enfants. Les conditions habituelles d’internement dans un camp – baraques, châlits remplis de paille, barbelés, miradors, appels, gendarmes français – restent supportables tant que les mères veillent sur eux. Sur nous.

«Soleil de plomb». «La dislocation des familles par les déportations successives des hommes, des adolescents, puis des mères, contraintes, parfois par la force, de laisser leurs enfants seuls au camp va tout changer. Le 2 août, nous avons vu notre mère partir vers le hangar noir, après une séparation déchirante : une journée durant à tâcher de se parler de chaque côté des barbelés, sous un soleil de plomb. Maman est partie le 3 août avec un millier d’autres femmes pour une "destination inconnue". Après le départ des mères, nous avons pleuré sans fin, perdues. Au camp, les enfants, des tout petits, livrés à eux-mêmes se trouvent dans une détresse indescriptible :à la fois affective, psychologique, sanitaire, matérielle… Puis nous sommes transférées le 15 août à Drancy, pour une déportation presque immédiate. Notre cousine a découvert fortuitement notre nom sur la liste du convoi en partance. Elle l’a supprimé de la liste, avant de nous faire quitter le bloc des partants pour celui des "résidents".

«Nous avons été libérées de Drancy le 29 septembre 1942 et avons habité chez grand-mère, la mère de maman, qui, française, n’avait pas été arrêtée. De façon assez incongrue, nous avons repris notre scolarité normalement. Nous avons alors vécu une double vie, amputée de notre m

via www.liberation.fr

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moustik2
moustik2
5 années il y a

indication importante ,certain autiste ne comprennent pas la température du bain donc pour au il ne soit pas trop ou pas assez chaud thermomètre, car trop chaud cela peut provoquer une toux certainement du au choc thermique toux etc car fièvre ,toujours être pointilleux ou essayer le bain pour se rendre compte …..

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