Alliot-Marie a bien eu Ben Ali au téléphone en Tunisie | Mediapart

Michèle Alliot-Marie pensait en avoir fini avec la polémique déclenchée par son séjour en Tunisie durant les fêtes. Mais après l'utilisation du jet privé d'Aziz Miled, un des hommes forts du régime de Ben Ali, l'affaire prend une autre dimension. Pendant ses vacances en famille à Tabarka, au nord-ouest du pays, et alors même que la répression contre les manifestants tunisiens faisait rage, la ministre a bien eu le président Zine el-Abidine Ben Ali au téléphone. Cette conversation, évoquée au conditionnel dans un article récent du Nouvel Observateur, a été confirmée ce mardi à Mediapart par le ministère des affaires étrangères. «A cette période, Mme Alliot-Marie a eu un bref entretien téléphonique avec M. Ben Ali», confirme son cabinet. 

Cet aveu, tardif, pose une foule de questions auxquelles le ministère se refuse, pour l'instant, de répondre. La chef de la diplomatie française et l'ex-dictateur forcé de quitter le pays le 14 janvier ont-ils, lors de cet entretien, évoqué l'immolation le 17 décembre de Mohamed Bouazizi, ce jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid dont le geste désespéré est à l'origine de la révolution? Ont-ils parlé des deux jeunes hommes mortellement blessés le 24 décembre par les tirs à balles réelles de la police?

Surtout, lors de cet entretien, le président Ben Ali a-t-il demandé l'assistance de la France pour mater la rébellion? Une source au Quai d'Orsay dément. Pourtant, deux semaines plus tard, le 11 janvier, la ministre des affaires étrangères proposait devant les députés de mettre à la disposition du gouvernement tunisien «le savoir-faire reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité».

En tout cas, une bonne partie de la stratégie de communication de la ministre tombe à l'eau. Début février, elle affirmait n'avoir eu «aucun contact privilégié» avec le président Ben Ali avant sa fuite. Elle avait aussi déclaré: «Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre», avant de se rétracter deux jours plus tard. En réalité, l'existence de cette conversation montre que Michèle Alliot-Marie a continué à suivre la situation en Tunisie pendant ses vacances. A la même période, elle a voyagé à quatre reprises dans le jet d'Aziz Miled, un homme d'affaires proche du régime, a été fort bien reçue dans son hôtel. Selon Le Canard Enchaîné à paraître mercredi, ses parents en ont d'ailleurs profité pour racheter les parts d'une société civile immobilière détenue par Aziz Miled et son fils Karim…

via www.mediapart.fr

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