Le 10 novembre 1999 était déposé à l‘Assemblée un document en tout point remarquable : l’épais rapport de la « commission d’enquête sur les forces de sécurité en Corse ». Il fut le prélude à une remise à plat des dispositifs policier et judiciaire sur l’île, après des années de violences politiques et/ou mafieuses, marquées par l’assassinat du préfet Claude Erignac, commis le 6 février 1998 à Ajaccio, et la fuite controversée d'Ivan Colonna.
Ce rapport avait notamment permis de faire apparaître en pleine lumière les effets pervers de la « guerre des polices » (RG, DCPJ, SRPJ et gendarmerie) et des rivalités entre magistrats (Bastia, Ajaccio et section antiterroriste de Paris).
Ce qui a été possible à l'époque pour les services de l’Etat chargés de la sécurité en Corse doit l’être aujourd’hui pour le renseignement intérieur, à la lumière des différentes enquêtes déclenchées après les tueries de Toulouse et de Montauban en mars dernier.
Au-delà de la polémique sur le caractère légitime ou non de la diffusion publique des enregistrements de la voix de Mohamed Merah réalisés pendant le siège de son appartement, il apparaît surtout que le jeune homme a réussi à berner les policiers qui étaient chargés de le surveiller, et qui le connaissaient de longue date.
Au vu de ces documents, l’officier traitant de Merah à la DZRI (direction zonale du renseignement intérieur, l'échelon régional de la DCRI) de Toulouse, qui l’avait notamment interrogé le 14 novembre 2011 sur ses séjours au Pakistan et en Afghanistan, semble bel et bien avoir été roulé dans la farine par Merah.
Celui-ci avait décrit au policier de simples vacances à but touristique, alors qu’il était parti pour contacter des mouvements armés djihadistes. Le policier de la DZRI, venu parlementer avec Merah pendant le siège de son appartement, semble d’ailleurs reconnaître sa bévue, selon les retranscriptions de leurs conversations qui ont été rendues publiques. Des extraits qui montrent, au passage, la dangerosité et la détermination de Merah.
Plus curieux encore : ce même policier du renseignement a été en contact téléphonique avec Mohamed Merah à huit reprises entre le 19 et le 21 mars (dont une à deux fois après la tuerie de l’école juive), selon les informations de L’Express et du Canard enchaîné.
Merah aurait donc été
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