A Bruxelles, les «indignés» mobilisent contre le capitalisme des «banksters» | Mediapart

Ils sont quatre à porter le grand cercueil noir à bout de bras, le sourire aux lèvres. Sur les parois du caveau, ils ont écrit, en plusieurs langues, à la craie blanche: «Le capitalisme est mort». L'avis de décès est prématuré, mais ces jeunes «indignés» espagnols, croisés dans les rues de Bruxelles, en sont convaincus: les craquements en cours du système sont le prélude d'une «révolution pacifique». Ils ont enfoncé sur leur tête des couronnes dorées, découpées dans du carton: manière de dire qu'en ces temps de crise, le roi est nu, et le peuple est le seul souverain.

La capitale belge était, samedi 15 octobre, l'une des 951 villes de la planète (selon le recensement des activistes), à participer à cette journée de mobilisation pour un «changement mondial». Avec un enjeu particulier, puisqu'y aboutissait la longue «marche populaire» des quelques «indignés» espagnols partis de Madrid fin juillet, et venus à pied jusqu'à Bruxelles, traversant le nord de l'Espagne et la France. Les marcheurs ont confectionné, au fil de leurs débats, dans les villes où ils se sont arrêtés, un cahier de doléances, qu'ils ont remis, le 11 octobre, à des parlementaires européens.

Trois itinéraires vers Bruxelles
Trois itinéraires vers Bruxelles

«C'est logique que l'on soit venus ici: la crise de la représentation des citoyens frappe autant à Bruxelles qu'à Madrid», assure Luis Santiago, 27 ans. Cet activiste aux cheveux bouclés, qui dormit sur la place Puerta del Sol, à Madrid, au printemps dernier, n'a pas participé à la marche à travers l'Europe.

Mais il est venu en renfort, avec cinq amis, camper une semaine à Bruxelles, pour marquer le coup. «L'enjeu, c'est de passer de la protestation des débuts, à l'élaboration de propositions», assure Jordi, un Catalan arrivé à pied de Barcelone. Depuis leur arrivée à Bruxelles le 8 octobre, les «indignés» ont organisé chaque jour des assemblées populaires, ouvertes à tous, dans un parc de la capitale.

Le défilé de samedi (environ 7.000 participants, en grande majorité des moins de 30 ans) s'est déroulé dans le calme, sous un franc soleil, loin des violences policières observées à Rome. Bizarrement, le trajet a pris soin d'éviter le quartier des institutions européennes. Au-delà des slogans habituels du répertoire indigné («Pour une vraie démocratie maintenant», ou encore «Vous ne nous représentez pas»), les manifestants s'en sont pris sans détour à la gestion de la crise par l'Union.

«Ces mesures d'austérité ne sont rien d'autre qu'une camisole de force que l'on nous impose, qui limite notre droit à décider des politiques économiques», s'emporte Roel, un Néerlandais salarié d'une ONG, à Bruxelles.

«Nous voulons l'annulation pure et simple de la dette publique européenne», renchérit Raphaëlle, une Française de 23 ans, venue des Yvelines pour participer à cette euro-manifestation. «Ce n'est pas à nous de rembourser la dette accumulée par un système que l'on ne cautionne pas!»

Partout dans la foule, des affiches en espagnol, anglais, français ou grec. Ici ou là, de jeunes manifestants arborent le masque de la bande dessinée anglaise culte V pour Vendetta, dont le héros se bat pour la liberté, contre un gouvernement

via www.mediapart.fr

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