"Marine Le Pen (s'est construite) contre son père, si indispensable et pourtant si encombrant. "Le Pen avec des cheveux", comme la décrit souvent sa mère, Pierrette Lalanne. Si elle n'est pas le clone de Jean-Marie Le Pen, la plus jeune de ses trois filles n'en demeure pas moins dans sa droite lignée. Elle se pose comme différente sans toutefois le renier. Une posture difficile à tenir que Gilbert Collard (…) résumera d'une jolie formule (…) : "Elle n'est pas la fille des phrases de son père." Au-delà de la ressemblance physique, Marine Le Pen fonctionne à l'identique de celui qu'elle appelle "Le Pen". Comme lui, elle est entourée de plusieurs clans, de figures diverses – qui pour quelques-unes sont issues des familles les plus radicales de l'extrême droite – chargées de la conseiller et chez lesquelles elle pioche des idées au gré de l'actualité. Des personnes qu'elle arrive à faire cohabiter alors que certaines se détestent cordialement. Comme lui, elle sait être dure, intransigeante, même avec ses proches. Comme lui, la famille est aussi un clan politique : son compagnon est vice-président du FN, son beau-frère est l'un de ses conseillers les plus influents, et sa sœur Yann est toujours là, à la fois discrète et omniprésente.
(…)
Quand on travaille sur Marine Le Pen, il y a un double piège à éviter. Reprendre le discours frontiste qui consiste à expliquer en quoi "le FN n'est plus d'extrême droite". Ou reprendre les slogans des années 1990 qui dressaient un parallèle avec les "fascistes" et les "nazis". Comme souvent, la vérité se situe dans un entre-deux, chez ces hommes qui évoluent dans une zone grise où se mêlent modérés et radicaux, assimilationnistes et racialistes, étatistes et partisans d'une "grande Europe de Brest à Vladivostok", admirateurs de "
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