Sur les ruines de la guerre la plus dévastatrice de toute l’histoire humaine, les peuples du monde réapprennent à vivre. Partout en Europe il faut reconstruire des pays ravagés. En France, les conquêtes liées au programme du Conseil national de la Résistance marqueront durablement la société.On voit sur les photos d’alors ces robes à fleurs du printemps, légères comme les ailes des papillons dans les rues et sur toutes les places, de Londres à New York, de Moscou à Paris, ce jour de fleurs et de baisers à pleine bouche qui n’en finissent plus, de bonheur qui redevient une idée neuve en Europe et dans le monde. L’Allemagne a capitulé sans conditions, comme l’exigeaient les Alliés. Le maréchal Keitel, avec toute la morgue d’un de ses militaires qui se croyaient de la race des seigneurs pour avoir fait alliance avec des criminels comme il n’y en eut jamais dans l’histoire, a dû signer dans les ruines de la capitale d’un Reich qui devait durer mille ans l’acte de reddition d’un peuple à genoux, à la fois coupable et abusé. La reddition d’un pays ravagé par des destructions sans nombre. Il voit aux côtés des Soviétiques avec Joukov, des Américains et des Anglais le Français de Lattre de Tassigny et maugrée : « Les Français, il ne manquait plus que cela. »
Pour une grande partie de la France, pour Paris, la nuit s’est terminée l’été précédent. La nuit des caves et des cachots, des suppliciés. Les petits matins blêmes et les soleils de givre des pelotons d’exécution. Nuit et brouillard, Nacht und Nebel. Le nom du décret signé dès 1941 (par Keitel précisément, qui sera condamné à mort à Nuremberg) ordonnant l’arrestation et déportation de tous les ennemis du Reich. Ils devaient disparaître sans laisser de traces. Avec ceux-là, communistes, gaullistes, résistants, visés par le décret seront déportés et exterminés, au nom d’autres décrets infâmes, avec la complicité active du gouvernement de Vichy, 70 000 juifs français ou résidant en France « sans oublier les enfants », dira un des responsables de cette abomination dans ses consignes.
Il faudra des mois encore d’un affrontement gigantesque, des centaines et des centaines de milliers de morts, militaires et civils, dans les villes bombardées, sur les champs de bataille, dans les camps où la machine nazie continue à tourner à plein, au feu continu des fours crématoires ou des brasiers dans lesquels on jette parfois des hommes, des femmes et des enfants vivants quand les chambres à gaz sont saturées, des mois encore de ce qu’on ne peut appeler autrement que l’enfer, pour que la bête meure. On connaît un peu, généralement, cette agonie du Reich. Le suicide d’Hitler avec sa maîtresse et sa chienne dans son bunker, le 30 avril. Goebbels et sa femme qui empoisonnent leurs enfants. La puissance de l’artillerie soviétique qui écrase Berlin où des vieillards et des gosses aux côtés des derniers SS fanatisés, prêts à abattre sur place qui se rendrait, défendent encore contre toute logique un régime de terreur et d’abjection. Le drapeau soviétique flottant sur le Reichstag, l’explosion de la croix gammée au sommet de la porte de Brandebourg…
Résistants et partisans, fusillés, décapités à la hache, torturés à mort
50 millions de morts dans le monde dont 20 millions de Soviétiques. 6 millions de juifs exterminés systématiquement. Des centaines de milliers de résistants et de partisans, fusillés, décapités à la hache, torturés à mort, parfois par des bourreaux de leurs propres pays, comme en France ceux de la milice.
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