11 septembre 1973: Avant le Chili nazi, un Allende désarmé faisait entendre sa voix pour la dernière fois – Page 1 | Mediapart

Le coup d’État mené, il y a tout juste 40 ans, contre le président Allende, a laissé des traces sonores saisissantes. D’une part, avant de mourir dans le palais présidentiel de la Moneda, Salvador Allende eut le temps d’adresser cinq discours, par radio, au peuple chilien tandis que les militaires diffusaient, sur des antennes concurrentes, leurs propres messages à la population.

D'autre part, pendant que les troupes attaquaient le palais présidentiel, où Allende était réfugié, les chefs putschistes, au premier rang desquels le général Pinochet, discutaient entre eux, par fréquence radio, de l’avancée des opérations. Or, ces conversations furent captées et ces enregistrements sidérants, longtemps restés secrets, ont émergé depuis une quinzaine d’années, nous donnant, aujourd’hui, la possibilité glaçante de vivre un coup d’État en direct.

Le matin du mardi 11 septembre 1973, Allende gagne très tôt le palais du gouvernement, la Moneda, situé à proximité de sa résidence. Il sait qu’un coup d’État est en cours, mais il en ignore encore l’ampleur. Le 29 juin de la même année, lors d’une précédente tentative de coup, la majorité des troupes est en effet restée fidèle au pouvoir constitutionnel. À 7 h 55, depuis la Moneda, Allende fait un premier discours diffusé sur les ondes de la radio Corporacion, appartenant au parti socialiste.

Discours d'Allende sur la radio Corporacion (37'')

 

Aussitôt après cette première allocution, les antennes de la radio Corporacion sont endommagées par le raid d’un avion des forces aériennes du Chili. Pendant ce temps, les chefs du coup d’État sur Santiago discutent des opérations à travers leurs radios militaires. Ce n’est qu’en 1988 que des transcriptions de ces échanges sont rendues publiques au Chili, dans un livre et dans la revue communiste Analysis.

Mais les archives sonores ne sont toujours pas disponibles. Il faut attendre 1998, l’année de l’arrestation à Londres du général Pinochet, pour que la journaliste Patricia Verdugo édite un livre intitulé Interferencia secreta, contenant un CD des enregistrements des fréquences militaires putschistes, pour que ces documents sonores deviennent accessibles.

Ces enregistrements donnent une réalité inédite au coup d’État. Cinq postes-radio y communiquent entre eux. Les plus importants sont le poste 2, tenu par le général d’aviation Leigh, mais surtout le poste 5, occupé par le vice-amiral Patricio Carvajal, installé au ministère de la défense à quelques encablures du palais présidentiel, et le poste 1, tenu par le général Augusto Pinochet en personne, qui se trouve alors dans une caserne des faubourgs de Santiago, sur une colline dominant la ville.

Ce premier extrait est un dialogue radiophonique entre le général Augusto Pinochet et le vice-amiral Patricio Carvajal.

via www.mediapart.fr

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